Le 30 mars dernier, plusieurs médias annonçaient en fanfare que : “Des scientifiques allemands ont identifié une souche de bactéries capable de favoriser la dégradation de certains plastiques à base de polyuréthane. Une avancée majeure dans la lutte contre la pollution plastique !” (ici)…
Bon, vous l’avez compris, les Little sont sceptiques.
Alors, quoi ?! Nous direz-vous, ces jeunes ne croient ils plus en rien ? Ils crient à la pollution, à l’avenir de la planète ! Jamais contents ?
Et bien, non… cette jeunesse éveillée et en alerte a compris depuis longtemps que trop d’info tue l’info, et qu’il est bon d’aller voir tout ça plus près…. et donc, les Little enquêtent…
Décidés à chercher anguille sous roche…. ils ont trouvé une baleine sous le caillou !

On commence par le commencement…
Connaissez-vous Morgan Vague ? Cette scientifique américaine, a fait, en octobre 2018, une conférence (ici) sur les travaux qu’elle réalise depuis déjà deux ans, sur les bactéries digérant le plastique.
Plus tôt, en octobre 2017, “Lors du grand concours iGem* organisé fin octobre aux USA, une équipe d’étudiants chercheurs de l’Université Ben Gourion du Néguev (BGU, Israël) a remporté une médaille d’or et a vu son projet « PlastiCure-BGU » désigné « meilleur projet environnemental, meilleur concept« . Le projet Plasticure-BGU pourrait dégrader les déchets plastiques et produire de l’électricité grâce à l’énergie libérée par la dégradation des PET. Plasticure-BGU utilise une bactérie génétiquement modifiée pour «manger» du polyéthylène téréphtalate (PET), un type de plastique largement disséminé dans les océans et sur terre. Alors que la compétition iGem n’exigeait qu’une preuve de concept, l’équipe de la BGU a décidé d’étudier la faisabilité d’un prototype « pour en finir avec les déchets plastiques », expliquent-ils.” (l’article in extenso ici)…
En 2016, des chercheurs japonais, font le buzz, car ils ont découvert une bactérie qui a fait du plastique son plat préféré. Allez consulter ces deux articles, très clairs et très précis ici, mais aussi dans le Journal de l’environnement.
Mais attendez, on vous garde le meilleur pour la fin : WIKI itself a un article sur le sujet vous révélant l’historique de la recherche : ”En 1975, une équipe de scientifiques japonais ont découvert une souche de Flavobacterium , vivant dans des étangs contenant des eaux usées d’un nylon usine, qui pourrait digérer certains sous – produits de nylon 6 fabrication, tels que le dimère linéaire de 6 aminohexanoate .” (et hop on va s’instruire)
Depuis le temps qu’on y pense !
En 2015 La Fondation Tara Océan diffusait sur le net, en libre accès, un PDF (mais, oui, le voici !) proposant une sélection d’articles et de synthèses destinés à vous aider à comprendre les dangers des micro-plastiques pour la biodiversité.
Mais allez donc voir page 17 le troisième chapitre, dont voici la conclusion “Différentes actions de recherches nationales et internationales ont été encouragées ces dernières années devant l’ampleur de la pollution par les plastiques en mer. La compréhension des mécanismes de leur biodégradation en mer est à ses balbutiements. Si certains mécanismes ont été observés en condition de laboratoire, leur étude en milieu naturel reste largement inexplorée. Par exemple, les mécanismes moléculaires de bio-détérioration, bio-fragmentation, bio-assimilation et bio-minéralisation sont aujourd’hui inconnus. La diversité des micro organismes associés à ces différentes étapes de la biodégradation est également ignorée. La compréhension de ces processus permettra de mieux définir les taux de biodégradation des plastiques et de mieux prédire le devenir des plastiques dits « biodégradables» en mer. La mer est le réceptacle ultime de tous les déchets produits sur terre (80% des déchets retrouvés en mer proviennent de la terre). La solution au problème de la pollution des plastiques en mer ne viendra certainement pas de la mer elle-même, mais d’une prise de conscience des citoyens qui sont responsables de cette pollution (plus de 30% des déchets plastiques retrouvés en mer proviennent d’un manque de collecte de la part des ménages).”
Bactéries, mais pas seulement
Parce que, vous l’aurez compris, le sujet occupe nos chercheurs depuis des lustres, et ils font feu de tout bois : en 2012, “Des étudiants américains de Yale ont découvert dans la forêt amazonienne un champignon capable de casser des chaînes de polyuréthane contenu dans le plastique. Une découverte de tout premier plan, alors que le plastique a envahi la planète, et qu’il met de 50 à 200 ans – les bouteilles d’eau par exemple – à se dégrader.” (La Dépêche)
Et en 2015, BFMTV publie un article sur “des scientifiques ont constaté que le ver de farine, friand de denrées alimentaires sèches, pouvait aussi se nourrir de plastique, le digérer et le transformer en déchets biodégradables. Une découverte qui pourrait révolutionner notre manière de gérer les déchets plastiques, véritable fléau pour l’environnement.”
Le 24 avril 2017 dans la revue américaine Current Biology, le Centre espagnol de la recherche nationale (CSIC), publie sa découverte sur la larve de la fausse teigne de la cire (Galleria mellonella), un papillon très répandu, capable de dévorer le polyéthylène. (article en Français)
Ceci dit, en 2020, la Voix Du Nord propose une synthèse et une analyse “Selon LeMoine, ce n’est pas la solution immédiate pour la pollution de plastique, car il reste encore du travail à faire pour comprendre comment exactement les microbes des chenilles fonctionnent, avant qu’ils puissent être adaptés et reproduit à grande échelle. Autre problème : comment s’occuper de l’excrément toxique de la chenille sur un régime plastique ?”
Qu’en retient-on ?
Une fois de plus, ce qui interpelle ici, c’est bien que l’information n’est certes pas fausse, en revanche absolument pas nouvelle ! Le sujet est traité comme une ritournelle destinée à nous faire espérer.
Mais réflexion de Little : Depuis 1975 ? Les chercheurs du monde entier suivent cette piste depuis plus de 40 ans ! “Est-ce que ce monde est sérieux ?” dirait Francis Cabrel.
C’est l’anguille sous roche qui tue nos baleines à petit feu…
Nous finirons sur un Clin d’oeil, avec “Le Père Noël à Monaco”, publié en 2013… une fiction de Miguel Dey… qui raconte le cauchemar que fait le Père Noel… dont voici un extrait.