Il est noté sur mon avis de décès, paru dans le journal de Cincinnati, que je suis morte le 1e septembre 1914 à 13 heures. 

On m’appelait Martha et j’ai vécu 30 ans en volière, dernière de mon espèce, bichonnée par le directeur du zoo. On m’a transportée dans un bloc de glace pour être naturalisée. Il était pourtant bien trop tard pour se donner bonne conscience !

Il faut dire que les hommes ont mis le paquet pour nous anéantir, mes frères et moi.

Une performance, car nous étions des milliards : 40 % des oiseaux vivant en Amérique du Nord !

Nos passages pouvaient durer plus de 4 heures. Sur une largeur de 2 kilomètres, le ciel devenait noir sous notre nombre, les branches cassaient sous notre poids. Tellement facile alors de pointer un fusil vers le ciel, même pas besoin de viser !

Des fêtes étaient organisées, rien que pour nous tuer : 30.000 des nôtres abattus pour un prix, le prix du sang !